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TENTATION, Page 2

Stephenie Meyer


  Au fil des heures, j'échafaudai différentes stratégies pour éviter la soirée qui se préparait chez les Cullen. Je n'étais pas d'humeur à faire la fête. Qui plus est, la surprise qu'on me réservait comprendrait forcément beaucoup d'attention. Or, les maladroits enclins aux catastrophes (dont je suis) s'arrangent pour éviter d'être le centre du monde. Qui apprécie d'être sous les feux de la rampe alors que le ridicule (se casser la figure par exemple) menace, telle une épée de Damoclès ? Il y aurait aussi des cadeaux, alors que j'avais très spécifiquement demandé — exigé, plutôt — qu'on les évitât cette année. J'avais l'impression que Charlie et Renée n'étaient pas les seuls à avoir décidé d'ignorer mes ordres.

  Je n'avais jamais roulé sur l'or, ce qui m'indifférait. Renée m'avait élevée sur son salaire d'institutrice en école maternelle ; quant à Charlie, ce n'était pas son boulot — chef de la police de la minuscule bourgade de Forks — qui l'enrichissait. Mes uniques revenus personnels, je les devais à mes trois jours de travail par semaine dans la boutique de sport des parents de Mike. Je m'estimais d'ailleurs heureuse d'avoir décroché un job dans une ville aussi petite. Le moindre centime de mon salaire allait grossir les économies microscopiques destinées à mes études universitaires. La fac, c'était le plan B. Je m'acharnais à croire en la réalisation du plan A, en dépit de l'entêtement d'Edward à vouloir que je reste humaine.

  Lui avait énormément de moyens, ce à quoi j'évitais de trop réfléchir. L'argent ne signifiait presque rien pour les Cullen. C'était juste une chose qu'on accumulait quand on disposait d'un temps infini et de quelqu'un (Alice) qui jouissait d'un talent surprenant pour prédire les fluctuations boursières. Edward ne saisissait pas pourquoi je m'opposais à ce qu'il en dépensât pour moi, pourquoi j'étais mal à l'aise lorsqu'il m'invitait dans un restaurant cher de Seattle, pourquoi il lui était interdit de m'acheter une voiture rapide ou pourquoi je refusais qu'il paie mes frais de scolarité (il débordait d'un enthousiasme ridicule pour le plan B). Selon lui, j'étais inutilement chichiteuse. Mais comment aurais-je pu l'autoriser à me donner quoi que ce soit quand je n'étais pas à même de lui rendre la pareille ? Pour d'insondables raisons, il désirait ma compagnie, et c'était déjà trop. Tout ce qu'il y ajouterait ne ferait que renforcer le déséquilibre qui nous séparait.

  La matinée passa ; ni Edward ni Alice ne revenant sur le sujet de mon anniversaire, je me détendis un peu. À midi, nous nous installâmes à notre table habituelle. Y régnait un statu quo étrange. Edward, Alice et moi nous asseyions à l'une de ses extrémités, cependant que mes autres amis, Mike et Jessica (qui traversaient une phase de relations gênées après avoir rompu), Angela et Ben (dont la liaison avait survécu à l'été), Eric, Conner, Tyler et Lauren (je me contentais de tolérer cette dernière) en occupaient l'autre bout, comme séparés de nous trois par une ligne invisible. Celle-ci se dissipait aisément les jours de soleil, où les Cullen séchaient systématiquement le lycée, et j'étais alors incluse dans les conversations sans que cela posât la moindre difficulté.

  Edward et Alice s'accommodaient de cet ostracisme mineur, alors que, à leur place, je l'aurais sans doute trouvé bizarre et blessant. Eux s'en apercevaient à peine. Les gens étaient toujours mal à l'aise en compagnie des Cullen, comme pris d'une frayeur qu'ils ne s'expliquaient pas pour autant ; j'étais la seule exception à la règle. Parfois, la décontraction dont je faisais preuve avec lui inquiétait Edward, qui se jugeait dangereux pour moi — une opinion que je réfutais avec véhémence sitôt qu'il l'exprimait.

  L'après-midi défila rapidement, les cours s'achevèrent, et Edward me raccompagna à ma camionnette — la routine. Sauf que, cette fois, il m'ouvrit la porte passager. Alice devait avoir pris la Volvo, une façon de s'assurer que je ne me défilerais pas ce soir-là. Je me plantai sous la pluie et croisai les bras.

  — C'est mon anniversaire, je conduis, décrétai-je.

  — Ah, mais je t'obéis et je me comporte comme s'il s'agissait d'un jour ordinaire.

  — Dans ce cas, je n'irai pas chez toi tout à l'heure.

  — Tu veux jouer à ce petit jeu ? s'amusa-t-il. Très bien.

  Sur ce, il m'entraîna du côté conducteur.

  — Bon anniversaire ! claironna-t-il.

  — Chut !

  Bon gré mal gré, je m'installai derrière le volant, regrettant déjà qu'il n'eût pas choisi l'autre solution.

  — Cet appareil est nul, se plaignit-il en tripotant la radio tandis que je quittais le parking.

  Je fronçai les sourcils, vexée qu'il s'en prît à ma vieille Chevrolet. Pour moi, elle était géniale. Elle avait de la personnalité.

  — Si tu veux de la bonne musique, tu n'as qu'à te servir de ta voiture, ripostai-je.

  J'étais si nerveuse à la perspective de ce qu'Alice me concoctait que je me montrai plus sèche que je n'en avais eu l'intention. D'ordinaire, la présence d'Edward me rendait d'humeur égale et sereine. Il réprima un sourire.

  Lorsque je me garai devant chez Charlie, les mains d'Edward, tendres et prudentes, enveloppèrent mon visage. Seul le bout des doigts exerçait une légère pression sur mes tempes, mes pommettes, ma mâchoire, comme si j'étais d'une fragilité particulière. Ce qui était le cas, comparé à lui du moins.

  — Tu devrais être heureuse, aujourd'hui plus que jamais, murmura-t-il, et son haleine douce me chatouilla les narines.

  — Et si je n'en ai pas envie ? répondis-je, le souffle court.

  — Alors, c'est vraiment dommage, dit-il en me vrillant de ses iris dorés et incandescents.

  Lorsqu'il se pencha et colla ses lèvres de glace aux miennes, j'avais déjà la tête qui tournait. Tombant dans le piège qu'il m'avait délibérément tendu, j'oubliai mes angoisses et me concentrai pour ne pas oublier de respirer. Sa bouche s'attarda sur la mienne, froide et lisse et délicate, jusqu'à ce que j'enroule mes bras autour de sa nuque et lui rende son baiser avec une passion un peu trop débordante. Je le sentis sourire, puis il me relâcha et déverrouilla mon étreinte.

  Edward avait posé de nombreuses limites à notre relation physique, dans l'unique but de me garder vivante. Si, en général, j'observais la règle exigeant que je maintienne ma peau à une saine distance de ses dents aiguisées comme des lames de rasoir et enduites de venin, j'avais tendance à négliger ces détails triviaux lorsqu'il m'embrassait.

  — Sois sage, chuchota-t-il.

  Il déposa un ultime baiser sur ma bouche, puis s'écarta en prenant soin de croiser mes bras sur mon ventre. Les battements de mon cœur m'assourdissaient. Je portai une main à ma poitrine, sentis la chamade sous ma paume.

  — Crois-tu que j'arriverai un jour à me maîtriser ? demandai-je à voix haute, plus pour moi que pour lui, d'ailleurs. Que mon pouls cessera de s'emballer chaque fois que tu me touches ?

  — J'espère bien que non, plastronna-t-il.

  — Bon, allons voir comment les Montaigus et les Capulets s'exterminent, décidai-je en lui lançant un coup d'œil irrité.

  — Vos désirs sont des ordres, mademoiselle.

  Edward se vautra sur le canapé, cependant que je chargeais la vidéo et faisais défiler le générique en mode accéléré. Lorsque je me perchai à l'extrémité du divan, il enserra ma taille et m'attira contre son torse. Celui-ci n'était pas aussi confortable qu'un coussin, vu sa dureté, sa froideur, sa perfection statuaire, mais je le préférais de loin. Attrapant le vieux plaid qui dissimulait le dossier du sofa, il m'enveloppa dedans pour éviter que je gèle à son contact.

  — Roméo m'a toujours tapé sur les nerfs, m'annonça-t-il d'emblée.

  — Que lui reproches-tu ? répliquai-je, quelque peu offensée car c'était un de mes personnages préférés. (Jusqu'à ce que je rencontre Edward, j'avais eu une sorte de béguin pour lui.)

  — Eh bien, pour commencer, il est amoureux fou de Rosaline, ce qui ne l'empêche pas de s'enticher très vite de Juliette. Tu ne trouves pas que ça lui donne des airs d'inconstant ? Ensuite, quelques minutes à peine après son mariage avec Juliette, il tue le cousin de celle-ci. Pas
très malin. Il accumule les erreurs, ce type. Il aurait voulu détruire son bonheur tout seul qu'il ne s'y serait pas pris autrement.

  — Tu préfères que je le regarde seule ? soupirai-je.

  — Non, répondit-il en promenant ses doigts sur mon bras, déclenchant mes frissons. De toute façon, c'est toi qui m'intéresses, pas le film. Tu vas pleurer ?

  — Si je suis attentive, sûrement, admis-je.

  — Alors, je ne te distrairai pas.

  Malgré cette promesse, il effleura mes cheveux de ses lèvres, geste qui ne pouvait m'inciter à rester appliquée. L'œuvre finit néanmoins par me captiver, d'autant qu'Edward murmurait les vers de Roméo à mon oreille — en comparaison de son irrésistible ténor, la voix de l'acteur paraissait faiblarde et grossière. À son grand amusement, je fondis en larmes quand, à son réveil, Juliette découvre son époux trépassé à ses pieds.

  — J'avoue que je l'envie un peu, ce Roméo, commenta Edward en séchant mes larmes avec une de mes mèches.

  — Juliette est très jolie.

  — Pas à cause d'elle, se récria-t-il, vaguement dégoûté. À cause de la simplicité de son suicide. Vous avez vraiment de la chance, vous les humains ! Il vous suffit de boire d'un trait un petit mélange d'extraits de plantes, et hop...

  — Pardon ?

  — Bah, c'est juste qu'il m'a fallu un jour considérer cette solution. Connaissant l'expérience de Carlisle en la matière, je savais que ce ne serait pas simple. Je ne suis même pas certain de connaître le nombre exact de fois où il a tenté d'en finir, lorsque... Après qu'il eut compris ce qu'il était devenu... Or, il est toujours en excellente santé, ajouta-t-il, sur un ton plus désinvolte.

  — Mais qu'est-ce que tu racontes ? m'indignai-je en me dévissant le cou pour le toiser. Qu'est-ce que ça signifie « il m'a fallu considérer cette solution » ?

  — C'était au printemps dernier, quand tu as... failli être tuée...

  Il s'interrompit, respira profondément et s'efforça de reprendre un ton badin.

  — Bien sûr, ma priorité était de te retrouver vivante. Pour autant, j'ai dû envisager d'autres éventualités. Et, je te l'ai dit, ce n'est pas aussi aisé pour moi que pour un humain.

  Un instant, le souvenir de mon dernier voyage à Phoenix me submergea avec une telle force que j'en eus le vertige. Les images étaient d'une clarté effarante — le soleil aveuglant, les vagues de touffeur montant du sol bétonné tandis que je me précipitais dans les pattes du vampire sadique qui avait l'intention de me torturer jusqu'à ce que mort s'ensuive ; James, à l'affût dans la salle aux miroirs, tenant ma mère en otage — du moins, c'est ce que j'avais cru alors, n'ayant pas deviné qu'il s'agissait d'une ruse. Mais, de son côté, James n'avait pas pressenti qu'Edward se ruait à mon secours. Il était pourtant arrivé à temps, même si je l'avais échappé belle. Inconsciemment, mes doigts caressèrent la cicatrice en forme de lune sur ma main, toujours plus froide que le reste de ma peau. Je secouai la tête pour me débarrasser de ces désagréables réminiscences et, le cœur au bord des lèvres, revins aux implications de ce qu'Edward avait sous-entendu.

  — D'autres éventualités ? répétai-je.

  — Enfin, voyons ! s'exclama-t-il, abasourdi par ma naïveté. Il était évident que je ne comptais pas vivre sans toi ! Mon seul problème, c'était la façon dont j'allais m'y prendre. Inutile d'espérer l'aide d'Emmett ou de Jasper. Alors, j'ai songé à me rendre en Italie pour provoquer les Volturi.

  Il plaisantait ! Pourtant, ses prunelles dorées étaient graves, concentrées sur un lointain qui ne lui parlait que de sa propre fin. Tout à coup, je cédai à la colère.

  — C'est qui, ces Volturi ? aboyai-je.

  — Une famille, répondit-il d'une voix absente. Un clan très ancien et très puissant de notre espèce. Ce qui, pour nous, se rapprocherait le plus d'une famille royale, j'imagine. À ses débuts, Carlisle a brièvement vécu avec eux. Avant qu'il décide de gagner l'Amérique. Tu te rappelles ?

  — Oui.

  Je n'étais pas prête d'oublier la première fois où j'avais mis les pieds chez les Cullen, une immense villa blanche isolée dans la forêt, près de la rivière. Ni la pièce où Carlisle, le vrai père d'Edward à plus d'un titre, avait aménagé tout un mur de tableaux qui racontaient son histoire personnelle. La toile la plus remarquable, aux couleurs les plus vives, la plus grande aussi, représentait la période italienne de sa vie. Je revoyais sans peine les quatre personnages aux visages séraphiques installés sur un balcon, observateurs du chaos bigarré qui régnait sous eux. En dépit des siècles, Carlisle, l'ange blond, n'avait pas changé. Je me souvenais également des trois autres, les premières relations de celui qui deviendrait par la suite le docteur Cullen. Edward n'avait jamais employé le nom de Volturi pour désigner le trio magnifique, un homme aux cheveux blancs et ses amis bruns. Il les avait appelés Aro, Marcus et Caïus, les ténébreux protecteurs des arts...

  — Bref, on n'irrite pas les Volturi, reprit Edward, interrompant ma rêverie. Sauf à souhaiter mourir... ou, du moins, à subir le sort qui nous est réservé, à nous autres vampires.

  Ma fureur tourna à l'effroi. Prenant son visage marmoréen entre mes mains, je le serrai très fort.

  — Je t'interdis d'avoir pareilles idées à l'avenir ! Quoi qu'il puisse m'arriver, je t'interdis de te détruire.

  — Je n'ai pas l'intention de t'exposer à de nouveaux dangers, alors le sujet est clos.

  — M'exposer ? Je croyais que nous étions d'accord là-dessus — la malchance qui me poursuit relève de ma seule faute ! Que tu oses penser différemment est intolérable !

  J'étais de plus en plus furieuse. L'idée qu'Edward cessât d'exister m'était insupportablement douloureuse, quand bien même aurais-je été morte.

  — Comment réagirais-tu à ma place ?

  — Ce n'est pas pareil.

  Il ricana.

  — Si c'était à toi qu'il arrivait quelque chose ? suggérai-je en blêmissant à cette perspective, voudrais-tu que je me suicide ?

  Une vague de tristesse traversa ses traits.

  — Je comprends ton point de vue... un peu, avoua-t-il. Mais que ferais-je, sans toi ?

  — Ce que tu faisais avant que je débarque dans ta vie et te complique les choses.

  — Ainsi formulé, ça paraît tellement simple, soupira-t-il.

  — Ça l'est. Je ne suis pas très intéressante, tu sais.

  Il faillit protester, renonça.

  — Ce sujet-là est clos lui aussi, conclut-il.

  Brusquement, il se redressa, adopta une position plus formelle et m'écarta de façon à ne plus me toucher.

  — Charlie ? devinai-je.

  Il sourit. Quelques instants plus tard, j'entendis la voiture de patrouille crisser sur le gravier de l'allée. Je pris la main d'Edward dans la mienne et m'y agrippai fermement. Mon père était capable de supporter au moins ça. Charlie entra, chargé d'une pizza.

  — Bonjour, les enfants ! nous salua-t-il. Je me suis dit que tu apprécierais être débarrassée de la cuisine et de la vaisselle le jour de ton anniversaire, précisa-t-il à mon intention. Vous avez faim ?

  — Bien sûr. Merci, papa.

  Charlie ne fit aucun commentaire sur le manque d'appétit de mon compagnon. Il avait l'habitude.

  — Puis-je vous emprunter Bella pour quelques heures ? demanda Edward, le dîner terminé.

  Je guettai la réaction de mon père avec anxiété, ignorant s'il était de ceux qui considèrent que les anniversaires sont une affaire strictement familiale. C'était le premier que je fêtais à Forks, où je m'étais installée après le remariage de ma mère Renée et son déménagement en Floride.

  — Pas de problème, répondit-il, me condamnant ainsi à la soirée chez les Cullen. Il y a un match Mariners-Sox1, je ne serai pas de très bonne compagnie... Tiens, n'oublie pas ça.

  Et il me lança l'appareil qu'il m'avait offert sur les conseils de Renée, histoire de justifier l'achat de l'album, j'imagine.

  Il aurait dû se rappeler que, question coordination, j'ai
toujours été handicapée. L'objet effleura le bout de mes doigts puis tomba, et seule la promptitude d'Edward empêcha qu'il s'écrase au sol.

  — Bien joué, commenta Charlie. Tu connais ta mère, Bella, elle trépigne à l'idée de voir tes photos.

  — Bonne idée, renchérit Edward en me tendant l'engin.

  Je cadrai son visage et réalisai mon premier cliché.

  — Il fonctionne.

  — Super ! Bon, amusez-vous bien, les enfants.

  Voilà qui était une façon claire et nette de nous congédier. D'ailleurs, Charlie avait déjà gagné le salon et la télé.

  Devant ma camionnette, Edward m'invita de nouveau à m'installer côté passager. Cette fois, je ne protestai pas. Dans l'obscurité, j'avais toujours du mal à ne pas rater le chemin conduisant chez lui. Il prit la direction du nord, et nous traversâmes Forks. Mon chauffeur était visiblement irrité par la vitesse réduite que lui imposait ma Chevrolet préhistorique. Le moteur gronda encore plus fort que d'ordinaire quand il dépassa les quatre-vingts kilomètres-heure.

  — Doucement, l'avertis-je.

  — Tu sais ce qui te plairait vraiment ? Un joli petit coupé Audi. Puissant et très silencieux.

  — Ma voiture me convient parfaitement. Et à propos de dépenses inutiles, si tu tiens à la vie, tu as intérêt à ne rien m'avoir acheté pour mon anniversaire.

  — Je n'ai pas déboursé un sou ! me jura-t-il, la vertu incarnée.

  — Bien.

  — Tu me rendrais service ?

  — Ça dépend.

  — Bella, soupira-t-il, soudain sérieux, le dernier vrai anniversaire que nous avons célébré a été celui d'Emmett, en 1935. Alors, je t'en prie, laisse-nous un peu de mou et fais un effort. La famille est super-enthousiaste.

  Les réflexions de ce genre me désarçonnaient toujours un peu.