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Fascination, Page 3

Stephenie Meyer


  Les yeux d'Edward étaient d'un noir d'encre.

  M. Banner parapha ma feuille de présence et me tendit un manuel sans s'embarrasser de politesses inutiles. Je pressentis que lui et moi allions nous entendre. Naturellement, il n'eut d'autre choix que de m'envoyer à la seule place vacante. Je m'y rendis, regard rivé sur le plancher, encore stupéfaite par l'hostilité de mon futur voisin.

  J'eus beau garder profil bas quand je posai mes affaires sur la paillasse et m'assis, je vis du coin de l'œil Edward changer de posture et s'éloigner, se pressant à l'extrême bord de son tabouret, la figure de biais, comme s'il tâchait de fuir une mauvaise odeur. En douce, je reniflai mes cheveux. Ils sentaient la fraise, le parfum de mon shampooing préféré. Un arôme plutôt innocent. Je m'abritai derrière la tenture de mes cheveux et m'efforçai de suivre la leçon. Malheureusement, elle portait sur l'anatomie cellulaire, un sujet que j'avais déjà étudié. Je pris néanmoins des notes avec application, le nez collé à mon cahier.

  Malgré moi, je revenais sans cesse à mon étrange partenaire de labo. Pas un instant il ne se détendit ni ne se rapprocha. La main posée sur sa jambe gauche, serrée, formait un poing où se dessinaient les tendons sous la peau blême. Elle non plus ne se relâcha pas. Les manches longues de sa chemise blanche relevées jusqu'aux coudes dévoilaient des avant-bras étonnamment fermes et musclés. Il ne paraissait plus aussi fluet, loin de son robuste frère.

  Le cours sembla s'éterniser. Était-ce parce que la journée touchait à sa fin ou parce que j'attendais que ce poing se relaxe ? En tout cas, cela ne se produisit pas. Edward ne broncha pas. On aurait dit qu'il ne respirait pas. Qu'avait-il ? Ce comportement était-il habituel ? Je revis mon jugement quant à l'amertume de Jessica. Elle n'était peut-être pas aussi aigrie que je l'avais supposé.

  Cela n'avait rien à voir avec moi, sûrement. Il ne me connaissait ni d'Ève ni d'Adam.

  Je me permis un nouveau coup d'œil, ce que je regrettai aussitôt. Il me contemplait de ses prunelles noires qui exprimaient une réelle répulsion. Je tressaillis et revins à mon livre en me tassant sur mon tabouret. La phrase « si les regards pouvaient tuer » me traversa l'esprit.

  À cet instant, la cloche sonna, et je sursautai. Edward Cullen réagit comme un ressort. Me tournant le dos, il se leva avec souplesse — il était bien plus grand que je ne l'avais estimé — et quitta le labo avant que quiconque eût bougé.

  Je restai pétrifiée sur place, le suivant des yeux sans le voir. Son attitude avait été odieuse. Injuste. Je rassemblai lentement mes affaires tout en m'évertuant à maîtriser la colère qui montait en moi, par crainte d'éclater en sanglots. Bizarrement, mes humeurs sont reliées à mon canal lacrymal. Je pleure lorsque je suis furieuse, un travers des plus humiliants.

  — C'est toi, Isabella Swan ? demanda soudain une voix masculine.

  Levant la tête, je découvris un garçon au charmant visage poupin et aux cheveux blonds soigneusement gominés en pointes ordonnées. Il me souriait chaleureusement. De toute évidence, lui ne trouvait pas que je puais.

  — Bella, rectifiai-je d'une voix aimable.

  — Je m'appelle Mike.

  — Salut, Mike.

  — Tu as besoin d'aide pour trouver ton cours d'après ?

  — Je crois que je me débrouillerai. J'ai gym.

  — Moi aussi, s'exclama-t-il, visiblement ravi, alors que ce n'était sans doute pas une telle coïncidence dans un établissement aussi petit.

  Nous y allâmes de conserve. C'était un bavard. Il alimenta l'essentiel de la conversation, ce qui m'arrangea. Il avait vécu en Californie jusqu'à l'âge de dix ans, et il comprenait mes réticences envers le climat local. Il se révéla qu'il partageait également mon cours d'anglais. Ce fut la personne la plus agréable que je rencontrai ce jour-là. Enfin, jusqu'au moment où nous pénétrâmes dans le gymnase, car il me lança :

  — Alors, tu as planté ton crayon dans la main d'Edward Cullen, ou quoi ? Je ne l'ai jamais vu dans un tel état.

  Je chancelai. Je n'étais donc pas la seule à l'avoir remarqué. Apparemment, la réaction d'Edward Cullen avait été anormale. Je décidai de jouer les gourdes.

  — Tu veux dire le garçon à côté duquel j'étais assise en biologie ? répliquai-je ingénument.

  — Oui. J'ai cru qu'il avait une rage de dents !

  — Je ne sais pas. Je ne lui ai pas adressé la parole.

  — Il est zarbi, poursuivit Mike en s'attardant auprès de moi au lieu de gagner les vestiaires. Moi, si j'avais eu la chance de partager une paillasse avec toi, je t'aurais parlé.

  Le prof de gym, Clapp, me dénicha une tenue mais m'autorisa à ne pas participer à ce premier cours. À Phoenix, l'éducation physique n'était obligatoire que durant deux ans. Ici, on n'y coupait pas de toute sa scolarité. Forks était décidément mon Enfer personnel sur terre. J'assistai à quatre matchs de volley en simultané. Me souvenant du nombre de blessures que j'avais subies — et infligées — en pratiquant ce sport, la bile me monta aux lèvres.

  La sonnerie finit par retentir. Je retournai lentement à l'accueil pour y rendre ma fiche. La pluie avait cessé, remplacée par un vent violent. Et froid. J'enroulai mes bras autour de moi.

  Lorsque j'entrai, je faillis tourner les talons et m'enfuir.

  Edward Cullen se tenait devant le comptoir. Je le reconnus à sa tignasse cuivrée et désordonnée. Il n'eut pas l'air de remarquer mon arrivée. Je me pressai contre le mur du fond, attendant que la secrétaire fût libre. Il discutait avec animation, d'une voix basse et séduisante. Je ne tardai pas à saisir l'objet de leur dispute : il essayait de déplacer son cours de sciences nat. N'importe quel autre horaire ferait l'affaire. Je ne parvins pas à croire que c'était uniquement à cause de moi. Il devait y avoir eu autre chose, un événement antérieur à ma présence. Sa fureur relevait forcément d'une exaspération qui ne me concernait pas. Il était impossible que cet inconnu éprouvât un dégoût aussi soudain et intense à mon égard.

  La porte se rouvrit, et un courant d'air polaire envahit la pièce, agitant des papiers et ébouriffant mes cheveux. La nouvelle venue se contenta de glisser vers le bureau pour y déposer une note avant de ressortir, mais Edward Cullen se raidit. Il se tourna lentement et me toisa — sa beauté frôlait l'absurde — de ses yeux perçants et emplis de haine. Un instant, une bouffée de terreur pure hérissa le duvet de mes bras. Ce regard ne dura qu'une seconde, il réussit néanmoins à me transir plus que la bise glaciale. L'Apollon s'adressa de nouveau à la secrétaire.

  — Tant pis, décréta-t-il de sa voix de velours. C'est impossible, et je comprends. Merci quand même.

  Là-dessus, il pivota sur ses talons et, m'ignorant royalement, disparut.

  Je m'approchai du comptoir et tendis ma fiche signée. Je devinais que, pour une fois, je n'avais pas rougi mais, au contraire, blêmi.

  — Comment s'est passée cette première journée, petite ? me demanda la secrétaire d'un ton maternel.

  — Très bien, mentis-je.

  Mal. Car elle n'eut pas l'air très convaincue.

  Sur le parking, la camionnette était quasiment le dernier véhicule encore présent. Elle me fit l'effet d'un refuge, du lieu qui, déjà, évoquait pour moi le plus un foyer, dans ce trou perdu vert et humide. J'y restai assise un moment, contemplant le pare-brise avec des yeux vides. Je ne tardai pas néanmoins à avoir assez froid pour devoir brancher le chauffage, et je mis le contact. Le moteur rugit. Je rentrai chez Charlie, luttant tout le chemin contre les larmes.

  1 Aux États-Unis, les jeunes peuvent conduire dès l'âge de seize ans. (Toutes les notes sont du traducteur.)

  2 Allusion aux équipements dont se dotent de plus en plus d'établissements scolaires américains face à la prolifération des armes et aux divers drames survenus dans des lycées ces dernières années.

  3 Aux États-Unis, les élèves les plus doués dans une matière peuvent suivre des cours d'un niveau plus fort que ce qu'exige le cursus normal.

  2

  À LIVRE OUVERT

  Le jour suivant fut mieux
... et pire.

  Mieux parce qu'il ne pleuvait pas encore, bien que les nuages fussent denses et opaques. Plus décontracté parce que je savais à quoi m'attendre. Mike s'assit à côté de moi en anglais, sous le regard peu amène d'Éric le joueur d'échecs ; c'était assez flatteur. Les gens ne me reluquèrent pas avec autant d'insistance que la veille. Je déjeunai avec tout un groupe, parmi lequel Mike, Éric, Jessica et plusieurs personnes dont les visages et les noms ne m'étaient plus aussi étrangers. J'eus le sentiment que je commençais à flotter au lieu de couler à pic.

  Pire, parce que j'étais fatiguée. Je n'arrivais toujours pas à dormir, avec le vent qui mugissait autour de la maison. Pire, parce que M. Varner m'interrogea en maths — alors que je n'avais même pas levé le doigt -, et que je me trompai. Nul, parce que je dus jouer au volley et que, la seule fois où je n'évitai pas le ballon, je le lançai sur la tête d'un de mes équipiers. Pire, parce qu'Edward Cullen était absent.

  Toute la matinée, je redoutai l'heure de la cantine et la perspective de son attitude déstabilisante. Une partie de moi souhaitait se confronter à lui et exiger des explications. Pendant ma nuit d'insomnie, j'avais même répété mon discours. Je me connaissais néanmoins suffisamment bien pour savoir que je n'aurais pas ce courage. À côté de moi, Cendrillon a des allures de Terminator.

  Lorsque j'arrivai à la cafétéria avec Jessica — en m'efforçant, en vain, de ne pas le chercher des yeux -, je découvris que, si ses étranges frères et sœurs étaient déjà installés, lui n'était pas là. Mike nous intercepta pour nous entraîner à sa table. Jessica parut ravie de cette attention, et ses amies ne tardèrent pas à se joindre à nous. Tout en essayant d'écouter leur insouciant bavardage, je cédai à un malaise tenace et guettai nerveusement le moment où il apparaîtrait. Je priai pour qu'il se contentât de m'ignorer, afin de me prouver que mes soupçons étaient infondés.

  Il ne vint pas, le temps passa, et ma tension augmenta.

  Lorsque, à la fin du repas, son absence se confirma, c'est avec plus d'assurance que je me rendis en cours de biologie. Mike, qui montrait toutes les qualités d'un saint-bernard, m'accompagna fidèlement aux portes du labo. Sur le seuil, je retins mon souffle, mais Edward n'était pas là non plus. En soupirant, je gagnai ma place. Mike m'emboîta le pas, sans cesser de pérorer sur une sortie prévue à la mer. Il s'attarda près de mon bureau jusqu'à la sonnerie puis, avec un sourire de regret, il alla s'asseoir à côté d'une malheureuse qui arborait un appareil dentaire et des cheveux gras. Visiblement, j'allais devoir m'occuper de lui, ce qui promettait de ne pas être facile. Dans une ville comme Forks, où les gens vivent les uns sur les autres, un peu de diplomatie est indispensable. Le tact n'a jamais été mon fort, et je manquais de pratique pour ce qui était d'éconduire les garçons un peu trop cordiaux.

  Je fus soulagée d'avoir la paillasse pour moi seule. Du moins, c'est ce que je me répétai. En vérité, j'étais obsédée par l'idée d'être à l'origine de la défection d'Edward. Penser que j'étais capable d'affecter quelqu'un à un tel degré était ridicule et égocentrique. Impossible. Malgré tout, je m'inquiétai.

  Lorsque les cours s'achevèrent enfin et que le feu de mes joues (provoqué par un nouvel incident en gym) se fut atténué, je remis rapidement mon jean et mon sweater bleu marine et quittai en trombe les vestiaires, heureuse de constater que j'avais réussi à semer mon protecteur canin. Je fonçai sur le parking, à cette heure encombré d'élèves, grimpai dans ma camionnette et fouillai mon sac pour vérifier que je n'avais rien oublié.

  La veille au soir, je m'étais aperçue que les talents culinaires de Charlie ne dépassaient guère le stade des œufs au bacon. J'avais donc exprimé le désir d'être chargée des repas pendant la durée de mon séjour. Mon père avait été plus que ravi de me donner les clés de la salle de banquet. J'avais découvert par la même occasion qu'il n'y avait rien à manger dans la maison. Ainsi, j'avais emporté au lycée ma liste de commissions et du liquide pris dans un bocal étiqueté ARGENT DES COURSES. Je partais en expédition au supermarché du coin.

  Je démarrai mon engin pétaradant sans tenir compte des têtes qui se tournaient dans ma direction et reculai prudemment avant de me glisser dans le flot de voitures qui attendaient de pouvoir sortir du parking. Tandis que je patientais, laissant entendre que les grondements assourdissants de ma Chevrolet venaient d'un autre véhicule que le mien, je vis les Cullen et les Hale monter dans leur voiture. C'était la Volvo neuve et rutilante. Comme par hasard. Jusque-là, je n'avais pas pris garde à leurs vêtements, trop fascinée par leurs visages. En les observant de plus près, je m'aperçus clairement qu'ils étaient habillés avec une élégance hors du commun ; des affaires toutes simples, mais qui revendiquaient avec subtilité des origines griffées. Ils se seraient baladés en haillons que ça n'aurait cependant rien changé à leur beauté et à leur allure remarquables. Tant de classe et de richesse à la fois pouvaient agacer, même si la vie, la plupart du temps, fonctionnait ainsi, hélas. En tout cas, leur apparence ne les aidait pas à s'intégrer dans l'univers du lycée.

  Mais non ! Je ne croyais pas vraiment à un ostracisme. Leur isolement était sans doute un choix. Il était impensable que les portes ne s'ouvrissent pas devant tant de vénusté.

  Comme tout le monde, ils examinèrent ma bruyante guimbarde lorsque je les dépassai, et je fus bien contente de m'éloigner.

  Le supermarché était tout proche de là, juste à la sortie suivante sur la quatre voies. Faire les courses fut agréable, normal. À Phoenix, c'était mon boulot, et je retombai dans cette routine familière avec plaisir. Le magasin était suffisamment grand pour que je n'entendisse plus le clapotis de la pluie sur le toit qui se chargeait de me rappeler où j'étais.

  De retour à la maison, je rangeai les provisions, les entassant là où je trouvais de la place en espérant que Charlie ne protesterait pas. J'enveloppai des pommes de terre dans du papier alu et les glissai au four, plongeai deux steaks dans une marinade et les fourrai au réfrigérateur, en équilibre sur une boîte d'œufs.

  Puis je montai mon sac à l'étage. Avant de commencer mes devoirs, j'enfilai un survêtement, ramassai mes cheveux humides en une queue-de-cheval et vérifiai mon mail pour la première fois. J'avais trois messages.

  Bella, m'écrivait ma mère, envoie-moi un mot dès que tu seras arrivée. Dis-moi comment s'est passé ton vol. Pleut-il ? Tu me manques déjà. J'ai presque terminé nos bagages pour la Floride, mais je ne retrouve pas mon corsage rose. Sais-tu où je l'ai mis ? Coucou de Phil. Maman.

  Avec un soupir, je consultai le suivant. Elle l'avait envoyé huit heures après le premier.

  Bella, fulminait-elle, pourquoi ne m'as-tu pas encore répondu ? Tu attends quoi ? Maman.

  Le dernier datait du matin même.

  Isabella, si je n'ai pas signe de toi d'ici 17 h 30 aujourd'hui, j'appelle Charlie.

  Je regardai mon réveil. J'avais encore une heure, mais ma mère n'était pas réputée pour sa patience.

  Maman, écrivis-je, calme-toi. Inutile de grimper au plafond. Bella.

  Je l'expédiai, puis en rédigeai un nouveau.

  Maman,

  Tout va bien. Évidemment qu'il pleut. J'attendais d'avoir quelque chose à t'écrire. Le lycée, ça roule. Juste un peu répétitif. J'ai fait la connaissance de gens sympas avec qui je mange.

  Ton corsage est chez le teinturier. Tu étais censée aller le chercher vendredi.

  Charlie m'a acheté une camionnette à plateau, tu y crois ? Je l'adore. Elle est vieille, mais super solide, ce qui est bien, tu sais, pour une fille comme moi.

  Tu me manques aussi. Je te réécrirai bientôt, mais je n'ai pas l'intention de consulter mes mails toutes les cinq minutes. Détends-toi, respire, je t'aime. Bella.

  J'avais décidé de relire Les Hauts de Hurlevent — le roman que nous étudiions en anglais -, juste pour le plaisir, et c'est ce à quoi j'étais occupée quand Charlie rentra du travail. J'avais oublié l'heure et me précipitai en bas pour sortir les patates et mettre la viande sous le gril.

  — Bella
? lança mon père en m'entendant dévaler l'escalier.

  Qui d'autre ?

  — Salut, papa ! Bienvenue !

  — Merci.

  Il accrocha son pistolet au portemanteau et se débarrassa de ses bottes tandis que je m'affairais dans la cuisine. À ma connaissance, il n'avait jamais utilisé son arme en service. Mais il l'avait sur lui. Lorsque j'étais petite, il avait pris l'habitude de retirer les balles dès qu'il franchissait le seuil. Il faut croire qu'il me considérait comme assez mûre à présent pour ne pas me tuer par accident et pas suffisamment dépressive pour me suicider.

  — Qu'y a-t-il à dîner ? s'inquiéta-t-il.

  Ma mère est une cuisinière pleine d'imagination dont les expériences ne sont pas toujours comestibles. Je fus surprise, et peinée, qu'il s'en souvînt encore.

  — Steaks et pommes au four.

  Réponse qui parut le soulager.

  Il avait l'air embarrassé, debout dans la cuisine, les bras ballants. Aussi, il gagna le salon d'un pas lourd pour y regarder la télé pendant que je m'activais. C'était plus simple pour nous deux. Je préparai une salade tandis que la viande cuisait, puis mis le couvert. Lorsque tout fut prêt, je l'appelai, et il me rejoignit en reniflant avec gourmandise.

  — Ça sent bon, Bella.

  — Merci.

  Nous mangeâmes sans mot dire durant quelques minutes. Sans inconfort non plus. Le silence ne nous gênait ni l'un ni l'autre. D'une certaine manière, nous étions faits pour vivre ensemble.

  — Alors, comment ça marche, au lycée ? demanda-t-il en se resservant. Tu as déjà sympathisé ?

  — J'ai plusieurs cours en commun avec une fille, Jessica. Je déjeune avec ses copines. Il y a aussi ce garçon, Mike, très gentil. Tout le monde est plutôt accueillant.

  À une exception, mais de taille.

  — Ça doit être Mike Newton. Chouette môme, chouettes parents. Son père tient le magasin de sport qui se trouve à la sortie de la ville. Avec tous les randonneurs qui fréquentent le coin, les affaires marchent.