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Les Index Noires

Jules Verne




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  Les Index Noires

  Jules Verne

  This page copyright © 2002 Blackmask Online.

  http://www.blackmask.com

  I. Deux lettres contradictoires

  II. Chemin faisant

  III. Le sous-sol du Royaume-Uni

  IV. La fosse Dochart

  V. La Famille Ford

  VI. Quelques phénomènes inexplicables

  VII. Une expérience de Simon Ford

  VIII. Un coup de dynamite

  IX. La Nouvelle-Aberfoyle

  X. Aller et retour

  XI. Les Dames de feu

  XII. Les Exploits de Jack Ryan

  XIII. Coal-city

  XIV. Suspendu à un fil

  XV. Nell au cottage

  XVI. Sur l'échelle oscillante

  XVII. Un lever de soleil

  XVIII. Du lac Lomond au lac Katrine

  XIX. Une dernière menace

  XX. Le pénitent

  XXI. Le mariage de Nell

  XXII. La légende du vieux Silfax

  This eBook was produced by Norman Wolcott.

  I. Deux lettres contradictoires

  « Mr. J. R. Starr, ingénieur,

  « 30, Canongate.

  « Édimbourg.

  « Si monsieur James Starr veut se rendre demain aux houillères d'Aberfoyle, fosse Dochart, puits Yarrow, il lui sera fait une communication de nature à l'intéresser.

  « Monsieur James Starr sera attendu, toute la journée, à la gare de Callander, par Harry Ford, fils de l'ancien overman Simon Ford.

  « Il est prié de tenir cette invitation secrète. »

  Telle fut la lettre que James Starr reçut par le premier courrier à la date du 3 décembre 18.., — lettre qui portait le timbre du bureau de poste d'Aberfoyle, comté de Stirling, Écosse.

  La curiosité de l'ingénieur fut piquée au vif. Il ne lui vint même pas à la pensée que cette lettre pût renfermer une mystification. Il connaissait, de longue date, Simon Ford, l'un des anciens contremaîtres des mines d'Aberfoyle, dont lui, James Starr, avait été, pendant vingt ans, le directeur, — ce que, dans les houillères anglaises, on appelle le « viewer ».

  James Starr était un homme solidement constitué, auquel ses cinquante-cinq ans ne pesaient pas plus que s'il n'en eût porté que quarante. Il appartenait à une vieille famille d'Édimbourg, dont il était l'un des membres les plus distingués. Ses travaux honoraient la respectable corporation de ces ingénieurs qui dévorent peu à peu le sous-sol carbonifère du Royaume-Uni, aussi bien à Cardiff, à Newcastle que dans les bas comtés de l'Écosse. Toutefois, c'était plus particulièrement au fond de ces mystérieuses houillères d'Aberfoyle, qui confinent aux mines d'Alloa et occupent une partie du comté de Stirling, que le nom de Starr avait conquis l'estime générale. Là s'était écoulée presque toute son existence. En outre, James Starr faisait partie de la Société des antiquaires écossais, dont il avait été nommé président. Il comptait aussi parmi les membres les plus actifs de « Royal Institution », et la Revue d'Édimbourg publiait fréquemment de remarquables articles signés de lui. C'était, on le voit, un de ces savants pratiques auxquels est due la prospérité de l'Angleterre. Il tenait un haut rang dans cette vieille capitale de l'Écosse, qui, non seulement au point de vue physique, mais encore au point de vue moral, a pu mériter le nom d'« Athènes du Nord ».

  On sait que les Anglais ont donné à l'ensemble de leurs vastes houillères un nom très significatif. Ils les appellent très justement les « Indes noires », et ces Indes ont peut-être plus contribué que les Indes orientales à accroître la surprenante richesse du Royaume-Uni. Là, en effet, tout un peuple de mineurs travaille, nuit et jour, à extraire du sous-sol britannique le charbon, ce précieux combustible, indispensable élément de la vie industrielle.

  A cette époque, la limite de temps, assignée par les hommes spéciaux à l'épuisement des houillères, était fort reculée, et la disette n'était pas à craindre à court délai. Il y avait encore à exploiter largement les gisements carbonifères des deux mondes. Les fabriques, appropriées à tant d'usages divers, les locomotives, les locomobiles, les steamers, les usines à gaz, etc., n'étaient pas près de manquer du combustible minéral. Seulement, la consommation s'était tellement accrue pendant ces dernières années, que certaines couches avaient été épuisées jusque dans leurs plus maigres filons. Abandonnées maintenant, ces mines trouaient et sillonnaient inutilement le sol de leurs puits délaissés et de leurs galeries désertes.

  Tel était, précisément, le cas des houillères d'Aberfoyle.

  Dix ans auparavant, la dernière benne avait enlevé la dernière tonne de houille de ce gisement. Le matériel du « fond [1*] », machines destinées à la traction mécanique sur les rails des galeries, berlines formant les trains subterranés, tramways souterrains, cages desservant les puits d'extraction, tuyaux dont l'air comprimé actionnait des perforatrices, — en un mot, tout ce qui constituait l'outillage d'exploitation avait été retiré des profondeurs des fosses et abandonné à la surface du sol. La houillère, épuisée, était comme le cadavre d'un mastodonte de grandeur fantastique, auquel on a enlevé les divers organes de la vie et laissé seulement l'ossature.

  De ce matériel, il n'était resté que de longues échelles de bois, desservant les profondeurs de la houillère par le puits Yarow le seul qui donnât maintenant accès aux galeries inférieures de la fosse Dochart, depuis la cessation des travaux.

  A l'extérieur, les bâtiments, abritant autrefois aux travaux du « jour », indiquaient encore la place où avaient été foncés les puits de ladite fosse, complètement abandonnée, comme l'étaient les autres fosses, dont l'ensemble constituait les houillères d'Aberfoyle.

  Ce fut un triste jour, lorsque, pour la dernière fois, les mineurs quittèrent la mine, dans laquelle ils avaient vécu tant d'années.

  L'ingénieur James Starr avait réuni ces quelques milliers de travailleurs, qui composaient l'active et courageuse population de la houillère. Piqueurs, rouleurs, conducteurs, remblayeurs, boiseurs, cantonniers, receveurs, basculeurs, forgerons, charpentiers, tous, femmes, enfants, vieillards, ouvriers du fond et du jour, étaient rassemblés dans l'immense cour de la fosse Dochart, autrefois encombrée du trop-plein de la houillère.

  Ces braves gens, que les nécessités de l'existence allaient disperser — eux, qui pendant de longues années, s'étaient succédé de père en fils dans la vieille Aberfoyle —, attendaient, avant de la quitter pour jamais, les derniers adieux de l'ingénieur. La Compagnie leur avait fait distribuer, à titre de gratification, les bénéfices de l'année courante. Peu de chose, en vérité, car le rendement des filons avait dépassé de bien peu les frais d'exploitation; mais cela devait leur permettre d'attendre qu'ils fussent embauchés, soit dans les houillères voisines, soit dans les fermes ou les usines du comté.

  James Starr se tenait debout, devant la porte du vaste appentis, sous lequel avaient si longtemps fonctionné les puissantes machines à vapeur du puits d'extraction.

  Simon Ford, l'overman de la fosse Dochart, alors âgé de cinquante-cinq ans, et quelques autres conducteurs de travaux l'entouraient.

  James Starr se découvrit. Les mineurs, chapeau bas, gardaient un profond silence.

  Cette scène d'adieux avait un caractère touchant, qui ne manquait pas de grandeur.

  « Mes amis, dit l'ingénieur, le moment de nous séparer est venu. Les houillères d'Aberfoyle, qui, depuis tant d'années, nous réunissaient dans un travail commun, sont maintenant épuisées. Nos recherches n'ont pu amener la découverte d'un nouveau filon, et le dernier morceau de houille vient d'être extrait de la fosse Dochart ! »

  Et, à l'appui de sa parole, James Starr montrait aux mineurs un bloc de charbon qui avait été gardé au fond d'
une benne.

  « Ce morceau de houille, mes amis, reprit James Starr, c'est comme le dernier globule du sang qui circulait à travers les veines de la houillère ! Nous le conserverons, comme nous avons conservé le premier fragment de charbon extrait, il y a cent cinquante ans, des gisements d'Aberfoyle. Entre ces deux morceaux, bien des générations de travailleurs se sont succédé dans nos fosses ! Maintenant, c'est fini ! Les dernières paroles que vous adresse votre ingénieur sont des paroles d'adieu. Vous avez vécu de la mine, qui s'est vidée sous votre main. Le travail a été dur, mais non sans profit pour vous. Notre grande famille va se disperser, et il n'est pas probable que l'avenir en réunisse jamais les membres épars. Mais n'oubliez pas que nous avons longtemps vécu ensemble, et que, chez les mineurs d'Aberfoyle, c'est un devoir de s'entraider. Vos anciens chefs ne l'oublieront pas, non plus. Quand on a travaillé ensemble, on ne saurait être des étrangers les uns pour les autres. Nous veillerons sur vous, et, partout où vous irez en honnêtes gens, nos recommandations vous suivront. Adieu donc, mes amis, et que le Ciel vous assiste ! »

  Cela dit, James Starr pressa dans ses bras le plus vieil ouvrier de la houillère, dont les yeux s'étaient mouillés de larmes. Puis, les overmen des différentes fosses vinrent serrer la main de l'ingénieur, pendant que les mineurs agitaient leur chapeau et criaient :

  « Adieu, James Starr, notre chef et notre ami ! »

  Ces adieux devaient laisser un impérissable souvenir dans tous ces braves curs. Mais, peu à peu, il le fallut, cette population quitta tristement la vaste cour. Le vide se fit autour de James Starr. Le sol noir des chemins, conduisant à la fosse Dochart, retentit une dernière fois sous le pied des mineurs, et le silence succéda à cette bruyante animation, qui avait empli jusqu'alors la houillère d'Aberfoyle.

  Un homme était resté seul près de James Starr.

  C'était l'overman Simon Ford. Près de lui se tenait un jeune garçon, âgé de quinze ans, son fils Harry, qui, depuis quelques années déjà, était employé aux travaux du fond.

  James Starr et Simon Ford se connaissaient, et, se connaissant, s'estimaient l'un l'autre.

  « Adieu, Simon, dit l'ingénieur.

  — Adieu, monsieur James, répondit l'overman, ou plutôt, laissez-moi ajouter : Au revoir !

  — Oui, au revoir, Simon ! reprit James Starr. Vous savez que je serai toujours heureux de vous retrouver et de pouvoir parler avec vous du passé de notre vieille Aberfoyle !

  — Je le sais, monsieur James.

  — Ma maison d'Édimbourg vous est ouverte !

  — C'est loin, Édimbourg ! répondit l'overman en secouant la tête. Oui ! loin de la fosse Dochart !

  — Loin, Simon ! Où comptez-vous donc demeurer ?

  — Ici même, monsieur James ! Nous n'abandonnerons pas la mine, notre vieille nourrice, parce que son lait s'est tari ! Ma femme, mon fils et moi, nous nous arrangerons pour lui rester fidèles !

  — Adieu donc, Simon, répondit l'ingénieur, dont la voix, malgré lui, trahissait l'émotion.

  — Non, je vous répète : au revoir, monsieur James ! répondit l'overman, et non adieu ! Foi de Simon Ford, Aberfoyle vous reverra ! »

  L'ingénieur ne voulut pas enlever cette dernière illusion à l'overman. Il embrassa le jeune Harry, qui le regardait de ses grands yeux émus. Il serra une dernière fois la main de Simon Ford et quitta définitivement la houillère.

  Voilà ce qui s'était passé dix ans auparavant; mais, malgré le désir que venait d'exprimer l'overman de le revoir quelque jour, James Starr n'avait plus entendu parler de lui.

  Et c'était après dix ans de séparation, que lui arrivait cette lettre de Simon Ford, qui le conviait à reprendre sans délai le chemin des anciennes houillères d'Aberfoyle.

  Une communication de nature à l'intéresser, qu'était-ce donc ? La fosse Dochart, le puits Yarow ! Quels souvenirs du passé ces noms rappelaient à son esprit ! Oui ! c'était le bon temps, celui du travail, de la lutte —, le meilleur temps de sa vie d'ingénieur !

  James Starr relisait la lettre. Il la retournait dans tous les sens. Il regrettait, en vérité, qu'une ligne de plus n'eût pas été ajoutée par Simon Ford. Il lui en voulait d'avoir été si laconique.

  Était-il donc possible que le vieil overman eût découvert quelque nouveau filon à exploiter ? Non !

  James Starr se rappelait avec quel soin minutieux les houillères d'Aberfoyle avaient été explorées avant la cessation définitive des travaux. Il avait lui-même procédé aux derniers sondages, sans trouver aucun nouveau gisement dans ce sol ruiné par une exploitation poussée à l'excès. On avait même tenté de reprendre le terrain houiller sous les couches qui lui sont ordinairement inférieures, telles que le grés rouge dévonien, mais sans résultat. James Starr avait donc abandonné la mine avec l'absolue conviction qu'elle ne possédait plus un morceau de combustible.

  « Non, se répétait-il, non ! Comment admettre que ce qui aurait échappé à mes recherches se serait révélé à celles de Simon Ford ? Pourtant, le vieil overman doit bien savoir qu'une seule chose au monde peut m'intéresser, et cette invitation, que je dois tenir secrète, de me rendre à la fosse Dochart !... »

  James Starr en revenait toujours là.

  D'autre part, l'ingénieur connaissait Simon Ford pour un habile mineur, particulièrement doué de l'instinct du métier. Il ne l'avait pas revu depuis l'époque où les exploitations d'Aberfoyle avaient été abandonnées. Il ignorait même ce qu'était devenu le vieil overman. Il n'aurait pu dire à quoi il s'occupait, ni même où il demeurait, avec sa femme et son fils. Tout ce qu'il savait, c'est que rendez-vous lui était donné au puits Yarow, et qu'Harry, le fils de Simon Ford, l'attendrait à la gare de Callander pendant toute la journée du lendemain. Il s'agissait donc évidemment de visiter la fosse Dochart.

  « J'irai, j'irai ! » dit James Starr, qui sentait sa surexcitation s'accroître à mesure que s'avançait l'heure.

  C'est qu'il appartenait, ce digne ingénieur, à cette catégorie de gens passionnés, dont le cerveau est toujours en ébullition, comme une bouilloire placée sur une flamme ardente. Il est de ces bouilloires dans lesquelles les idées cuisent à gros bouillons, d'autres où elles mijotent paisiblement. Or, ce jour-là, les idées de James Starr bouillaient à plein feu.

  Mais, alors, un incident très inattendu se produisit. Ce fut la goutte d'eau froide, qui allait momentanément condenser toutes les vapeurs de ce cerveau.

  En effet, vers six heures du soir, par le troisième courrier, le domestique de James Starr apporta une seconde lettre.

  Cette lettre était renfermée dans une enveloppe grossière, dont la suscription indiquait une main peu exercée au maniement de la plume.

  James Starr déchira cette enveloppe. Elle ne contenait qu'un morceau de papier, jauni par le temps, et qui semblait avoir été arraché à quelque vieux cahier hors d'usage.

  Sur ce papier il n'y avait qu'une seule phrase, ainsi conçue :

  « Inutile à l'ingénieur James Starr de se déranger, — la lettre de Simon Ford étant maintenant sans objet. »

  Et pas de signature.

  [1] L'exploitation d'une mine se divise en travaux du « fond » et travaux du « jour »; les uns s'accomplissant à l'intérieur, les autres à l'exrérieur.

  II. Chemin faisant

  Le cours des idées de James Starr fut brusquement arrêté, lorsqu'il eut lu cette seconde lettre, contradictoire de la première.

  « Qu'est-ce que cela veut dire ? » se demanda-t-il.

  James Starr reprit l'enveloppe à demi déchirée. Elle portait, ainsi que l'autre, le timbre du bureau de poste d'Aberfoyle. Elle était donc partie de ce même point du comté de Stirling. Ce n'était pas le vieux mineur qui l'avait écrite, — évidemment. Mais, non moins évidemment, l'auteur de cette seconde lettre connaissait le secret de l'overman, puisqu'il contremandait formellement l'invitation faite à l'ingénieur de se rendre au puits Yarow.

  Était-il donc vrai que cette première communication fût maintenant sans objet ? voulait-on empêcher James Starr
de se déranger, soit inutilement, soit utilement ? N'y avait-il pas là plutôt une intention malveillante de contrecarrer les projets de Simon Ford ?

  C'est ce que pensa James Starr, après mûre réflexion. Cette contradiction, qui existait entre les deux lettres, ne fit naître en lui qu'un plus vif désir de se rendre à la fosse Dochart. D'ailleurs, si, dans tout cela, il n'y avait qu'une mystification, mieux valait s'en assurer. Mais il semblait bien à James Starr qu'il convenait d'accorder plus de créance à la première lettre qu'à la seconde, — c'est-à-dire à la demande d'un homme tel que Simon Ford plutôt qu'à cet avis de son contradicteur anonyme.

  « En vérité, puisqu'on prétend influencer ma résolution, se dit-il, c'est que la communication de Simon Ford doit avoir une extrême importance ! Demain, je serai au rendez-vous indiqué et à l'heure convenue ! »

  Le soir venu, James Starr fit ses préparatifs de départ. Comme il pouvait arriver que son absence se prolongeât pendant quelques jours, il prévint, par lettre, Sir W. Elphiston, le président de « Royal Institution », qu'il ne pourrait assister à la prochaine séance de la Société. Il se dégagea également de deux ou trois affaires, qui devaient l'occuper pendant la semaine. Puis, après avoir donné l'ordre à son domestique de préparer un sac de voyage, il se coucha, plus impressionné que l'affaire ne le comportait peut-être.

  Le lendemain, à cinq heures, James Starr sautait hors de son lit, s'habillait chaudement — car il tombait une pluie froide —, et il quittait sa maison de la Canongate, pour aller prendre à Granton-pier le steam-boat qui, en trois heures, remonte le Forth jusqu'à Stirling.

  Pour la première fois, peut-être, James Starr, en traversant la Canongate [1*], ne se retourna pas pour regarder Holyrood, ce palais des anciens souverains de l'Écosse. Il n'aperçut pas, devant sa poterne, les sentinelles revêtues de l'antique costume écossais, jupon d'étoffe verte, plaid quadrillé et sac de peau de chèvre à longs poils pendant sur la cuisse. Bien qu'il fût fanatique de Walter Scott, comme l'est tout vrai fils de la vieille Calédonie, l'ingénieur, ainsi qu'il ne manquait jamais de le faire, ne donna même pas un coup d'il à l'auberge où Waverley descendit, et dans laquelle le tailleur lui apporta ce fameux costume en tartan de guerre qu'admirait si naïvement la veuve Flockhart. Il ne salua pas, non plus, la petite place où les montagnards déchargèrent leurs fusils, après la victoire du Prétendant, au risque de tuer Flora Mac Ivor. L'horloge de la prison tendait au milieu de la rue son cadran désolé : il n'y regarda que pour s'assurer qu'il ne manquerait point l'heure du départ. On doit avouer aussi qu'il n'entrevit pas dans Nelher-Bow la maison du grand réformateur John Knox, le seul homme que ne purent séduire les sourires de Marie Stuart. Mais, prenant par High-street, la rue populaire, si minutieusement décrite dans le roman de L'Abbé, il s'élança vers le pont gigantesque de Bridgestreet, qui relie les trois collines d'Édimbourg.